28

A Chicago, la pluie frappe toute la nuit la toile tendue au-dessus de la tombe de Freddy Lounds.

Le tonnerre résonne dans la tête de Will Graham, qui se traîne péniblement de la table vers le lit prometteur de rêves.

La vieille maison de Saint Charles gémit sous les doigts de la pluie et frémit sous les coups sourds de l’orage.

Les escaliers craquent dans le noir. M. Dolarhyde balaye les marches de son kimono. Ses yeux sont grands ouverts, il a trop dormi.

Ses cheveux sont humides et soigneusement peignés. Il s’est brossé les ongles. Il s’avance en souplesse, avec lenteur, comme s’il portait une coupe précieuse.

Un film à côté du projecteur. Deux sujets. D’autres bobines sont jetées à la corbeille avant d’être brûlées. Il n’en a gardé que deux, parmi les dizaines de films d’amateurs reproduits au laboratoire et rapportés chez lui pour être visionnés.

Bien installé dans son fauteuil, un plateau de fromage et de fruits à portée de la main, Dolarhyde est prêt pour la projection.

Le premier film représente un pique-nique organisé pendant le week-end du 4 juillet, jour de la fête nationale. Une belle famille : trois enfants, le père, robuste, qui plonge ses gros doigts dans le pot à cornichons. Et la mère.

La meilleure séquence la montre en train de jouer au base-ball avec les enfants des voisins. On la voit quinze secondes, tout au plus. Elle quitte la seconde base, fait face au lanceur, les pieds écartés, prête à foncer ou à rebrousser chemin, ses seins dansent sous son pull-over quand elle se penche en avant. Entracte désagréable, un enfant manie une batte de base-ball. La femme, à nouveau ; elle regagne son poste. Elle pose un pied sur le coussin qui fait office de base et attend, les muscles de la cuisse tendus.

Dolarhyde repasse sans arrêt ce plan de la femme. Pied posé sur la base, poitrine en avant, muscles bandés sous le jean raccourci.

Il s’arrête sur la dernière image. La femme et ses enfants. Ils sont sales et fatigués. Ils s’embrassent et un chien court entre leurs jambes.

Un formidable coup de tonnerre fait tinter le lustre de cristal de Grand-mère. Dolarhyde prend une poire.

Le second film se compose de plusieurs séquences. Le titre, La Nouvelle Maison, est écrit en pièces de monnaie sur fond de carton, au-dessus d’une ancienne auge à cochon. Le père arrache la pancarte » A vendre » fichée dans la cour. Il la brandit vers la caméra avec un sourire penaud. Ses poches sont retournées.

Un plan tremblé assez long de la mère et des trois enfants sur les marches du perron. C’est une belle maison. La piscine. Un petit enfant court vers le plongeoir, il laisse des empreintes humides sur le carrelage. Des têtes qui sortent de l’eau. Un petit chien court vers une fillette, truffe en l’air et oreilles au vent. On voit le blanc de ses yeux.

Dans l’eau, la mère s’accroche à l’échelle et regarde vers la caméra. Ses cheveux bruns et bouclés luisent comme de la fourrure, sa gorge se soulève au-dessus du maillot, ses jambes battent l’eau.

La nuit. Une vue trop sombre de la maison, dont les lumières se reflètent dans la piscine.

Intérieur, la famille. Partout, des paquets et des caisses. Une vieille malle, qu’on n’a pas encore rangée au grenier.

Une petite fille a mis des vêtements de grand-mère. Elle porte une grande capeline. Le père est sur le canapé. Il a l’air un peu éméché. C’est maintenant lui qui doit tenir la caméra. L’image tremble un peu. Devant un miroir, la mère coiffée d’un chapeau.

Les enfants courent autour d’elle, les garçons tirent en riant sur les vieux vêtements. La fillette est plus calme, elle semble s’admirer.

Gros plan. La mère se tourne et prend la pose devant la caméra, large sourire et main derrière la nuque. Elle est assez jolie. Elle porte un camée autour du cou.

Dolarhyde arrête l’image. Il fait marche arrière. Inlassablement, elle se retourne et sourit.

D’un air absent, Dolarhyde prend le film de la partie de base-ball et le jette dans la corbeille à papiers.

Il ôte la bobine du projecteur et lit l’étiquette apposée sur la boîte par le laboratoire : Bob Sherman, Star Route 7, Box 603, Tulsa, Oklahoma.

Ce n’est pas trop loin.

Dolarhyde tient la bobine dans le creux de sa main et la recouvre de l’autre main, comme s’il s’agissait d’un petit animal qui cherche à lui échapper. Elle semble frémir comme un insecte.

Il se souvient de sa précipitation quand la lumière s’est allumée dans la maison des Leeds. Il lui avait fallu s’occuper de M. Leeds avant de brancher les projecteurs de la caméra.

Il désire pour cette fois une progression tout en douceur. Ce qui serait merveilleux, c’est de se glisser avec la caméra entre les personnes endormies et de se pelotonner contre elles. Il pourrait alors frapper dans le noir et s’asseoir entre elles, ruisselant de sang.

Il lui faut pour cela de la pellicule à infrarouges, et il sait où s’en procurer.

Le projecteur est toujours allumé. Dolarhyde ne bouge pas, il tient la bobine pendant que sur l’écran blanc défilent pour lui seul des images qu’accompagne le long soupir du vent.

Il n’éprouve aucun sentiment de vengeance, il ne connait que l’Amour et la pensée de la Gloire à venir ; des cœurs qui s’apaisent puis s’emballent, ainsi que des pas fuyant dans le silence.

Lui rampant. Lui rampant, empli d’Amour, et les Sherman qui s’ouvrent à lui.

Le passé ne lui est d’aucune importance ; seule compte la Gloire à venir. Il ne pense pas à la maison de sa mère. En fait, ses souvenirs conscients de cette époque sont extraordinairement rares et flous.

Vers l’âge de vingt ans, le souvenir de la maison de sa mère s’est évaporé, pour ne laisser qu’une mince pellicule à la surface de son esprit.

Il savait qu’il n’y avait passé qu’un mois. Il ne se souvenait pas en avoir été chassé à l’âge de neuf ans, après avoir pendu le chat de Victoria.

L’une des rares images qu’il se remémorait : la maison, illuminée, vue depuis la rue  – c’est l’hiver et le soir tombe, et il passe devant pour se rendre de l’école élémentaire Potter Gerard à cette autre maison où il est pensionnaire.

Il pouvait se rappeler l’odeur de la bibliothèque des Vogt, pareille à un piano entrouvert, où sa mère le recevait pour lui donner ses étrennes. Il ne se souvenait pas des visages tapis derrière les fenêtres, lorsqu’il s’éloignait dans l’allée verglacée, ses cadeaux brûlants de haine sous le bras, et fuyait vers une ville de rêves très différente de Saint Louis.

A l’âge de onze ans, sa vie imaginaire était intense et active, et lorsque la pression de son amour se faisait trop grande, il le libérait. Il s’en prenait aux animaux familiers et agissait avec soin, non sans mesurer froidement les conséquences. Ils étaient si doux que c’en était trop facile. Les autorités ne firent jamais le rapport entre lui et les tristes petites taches de sang retrouvées sur le sol des garages.

A quarante-deux ans, il ne s’en souvenait pas du tout. Et il ne pensait pas non plus aux occupants de la maison de sa mère : elle-même, les demi-sœurs ou le demi- frère.

Parfois, il les entrevoyait dans son sommeil, fragments étincelants d’un rêve enfiévré : métamorphosés, gigantesques, le visage et le corps multicolores ainsi que des perroquets, ils se dressaient au-dessus de lui comme des mantes religieuses.

Quand il choisissait de se pencher sur lui-même, ce qui arrivait rarement, il retrouvait de nombreux souvenirs agréables. Ceux de son service militaire.

Arrêté à dix-sept ans pour avoir pénétré par effraction dans la maison d’une femme dans un but qui ne fut jamais déterminé, on lui donna à choisir entre l’armée et la prison. Il opta pour l’armée.

Après avoir fait ses classes, il fut envoyé dans une école spécialisée dans les travaux de développement de films, puis au Brooke Army Hospital de San Antonio, où il travailla sur les films pédagogiques à l’usage des aspirants médecins.

Les chirurgiens de l’hôpital s’intéressèrent à lui et décidèrent d’améliorer son visage.

Ils pratiquèrent une rhinoplastie, prenant du cartilage de l’oreille pour augmenter la columelle, et utilisèrent pour refermer sa lèvre une technique fort intéressante qui attira beaucoup de spécialistes dans l’amphithéâtre où se déroula l’opération.

Les chirurgiens étaient fiers du résultat. Mais Dolarhyde repoussa le miroir qu’on lui tendit et regarda par la fenêtre.

Les registres de la filmothèque indiquent que Dolarhyde emprunta de nombreux films, traitant principalement des traumatismes, qu’il visionnait des nuits entières.

Il rempila en 1958, et c’est à cette occasion qu’il découvrit Hong Kong. Stationné à Séoul, en Corée, où il développait les films pris par les minuscules avions d’observation que les Etats-Unis envoyaient au-dessus du 38e parallèle, il put se rendre à deux reprises en permission à Hong Kong. En 1959, Hong Kong et Kowloon pouvaient combler tous les appétits.

Grand-mère quitta la maison de repos en 1961, dans un brouillard perpétuel. Dolarhyde demanda et obtint d’être libéré deux mois avant la date prévue, et il rentra chez lui pour prendre soin d’elle.

Ce fut une période étonnamment paisible. Le travail qu’il avait trouvé au laboratoire de Gateway lui permit d’engager une femme pour rester la journée aux côtés de Grand-mère. La nuit, ils se retrouvaient dans le salon, sans échanger une seule parole. Le tic-tac et le carillon de la vieille horloge étaient les seuls bruits à rompre le silence.

Il vit une fois sa mère, à l’enterrement de Grand-mère, en 1970. Il la regarda sans la voir, comme si elle n’était qu’une étrangère. Ils avaient les mêmes yeux jaunes.

Son allure surprit sa mère. Sa carrure était aussi impressionnante que ses attaches étaient fines, il avait le même teint clair qu’elle et il portait une petite moustache qu’elle soupçonnait faite de cheveux transplantés.

Elle l’appela au téléphone au cours de la semaine qui suivit, et elle entendit le bruit du combiné qu’on raccroche avec lenteur.

 

Pendant les neuf années qui suivirent la mort de Grand-mère, Dolarhyde ne fut pas dérangé et ne dérangea personne. Son esprit était aussi lisse qu’une graine. Il savait qu’il attendait. Quoi, il n’aurait su le dire.

Un petit événement parfaitement banal dit à la petite graine que l’Heure était venue. Debout près d’une fenêtre donnant sur le nord, il était en train d’examiner un film quand il remarqua le vieillissement de ses mains. C’était un peu comme si les mains tenant le film lui étaient subitement apparues, et il vit à la bonne lumière du Nord que la peau s’était tendue sur les os et les muscles, au point de dessiner une multitude de losanges aussi minuscules que des écailles de lézard.

A l’instant même où il les tourna vers la lumière, une intense odeur de chou et de tomate le submergea. Il frissonna bien que la pièce fût chauffée. Ce soir-là, il travailla plus dur qu’à l’accoutumée. Un miroir en pied avait été installé au mur du grenier transformé par Dolarhyde en salle de gymnastique, juste à côté des haltères. C’était le seul miroir de la maison ; il pouvait s’y admirer à loisir parce qu’il s’entraînait toujours masqué.

Il s’observait attentivement tout en bandant les muscles. A quarante ans, il aurait pu remporter un titre régional de culturisme. Mais cela ne le satisfaisait pas.

C’est au cours de la semaine suivante qu’il découvrit l’aquarelle de Blake. Elle le subjugua immédiatement.

Une photographie en couleurs illustrait un article du Time Magazine consacré à la rétrospective Blake organisée à Londres par la Tate Gallery. Le Brooklyn Museum avait participé à l’exposition en envoyant Le Grand Dragon Rouge et la Femme vêtue de soleil.

Le critique du Time avait écrit : » Peu de représentations démoniaques de l’art occidental sont aussi chargées d’énergie sexuelle... » Dolarhyde n’avait pas besoin de lire les commentaires pour s’en apercevoir.

Pendant plusieurs jours, il transporta avec lui la photographie, puis, un soir, il en fit un agrandissement dans la chambre noire. Il était très agité la plupart du temps. Il avait accroché la reproduction près du miroir de la salle de gymnastique et ne la quittait pas des yeux tant que durait la séance de musculation. Il ne pouvait s’endormir qu’épuisé et devait visionner des films médicaux pour se soulager sexuellement.

Il savait depuis l’âge de neuf ans qu’il était seul et qu’il le demeurerait toujours  – réflexion plutôt propre aux hommes de quarante ans.

Et maintenant qu’il abordait la quarantaine, il se sentait empli d’une vie imaginaire dotée de l’éclat, de la fraîcheur et de la spontanéité de l’enfance. Et cela lui permit de dépasser sa Solitude.

A un âge où les hommes découvrent et s’effraient de leur isolement, celui de Dolarhyde lui apparut tout à fait naturel : il était seul parce qu’il était Unique. Dans la ferveur de sa conversion, il vit que, s’il s’y employait, s’il satisfaisait les besoins réels qu’il avait si longtemps réprimés  – s’il les cultivait en tant qu’inspirations  – il pourrait connaître le Devenir.

Le visage du Dragon n’était pas visible sur l’aquarelle, mais Dolarhyde sut de plus en plus à quoi il ressemblait. Pendant qu’il visionnait ses films médicaux, tout échauffé après sa séance de musculation, il ouvrait toute grande la bouche pour chausser le dentier de Grand-mère. Mais celui-ci ne s’adaptait pas à ses gencives déformées, de sorte que ses mâchoires le faisaient très rapidement souffrir.

Il consacra donc ses instants de loisir à muscler ses mâchoires en mordant un bloc de caoutchouc jusqu’à faire saillir les muscles de ses joues comme des balles de golf.

A l’automne 1979, Francis Dolarhyde retira une partie de ses très substantielles économies et s’absenta pendant trois mois du laboratoire de Gateway. Il se rendit à Hong Kong et emporta avec lui le dentier de Grand-mère.

A son retour, la rousse Eileen et ses autres collègues trouvèrent que ces vacances lui avaient fait du bien. Il était très calme. Ils ne remarquèrent même pas qu’il ne fréquentait plus les douches du personnel  – il ne s’y était d’ailleurs jamais beaucoup rendu.

Le dentier de Grand-mère avait retrouvé son verre, sur la table de nuit. Et son propre dentier était enfermé dans le bureau.

Si Eileen avait pu le voir devant son miroir, le dentier dans la bouche, son nouveau tatouage luisant sous l’éclairage cru de la salle de gymnastique, elle aurait poussé un hurlement. Un seul.

Il n’avait plus à se presser, il avait tout le temps devant lui. Il avait l’éternité. Cinq mois allaient s’écouler avant qu’il ne choisisse les Jacobi.

Les Jacobi furent les premiers à l’aider, les premiers à lui permettre d’atteindre la Gloire de son Devenir. Les Jacobi étaient mieux que rien, mieux aussi que tout ce qu’il avait pu connaître.

Et puis, il y eut les Leeds.

Et aujourd’hui qu’il grandissait en force et en Gloire, il y aurait les Sherman et la nouvelle intimité des infrarouges. Tout cela était très prometteur.

Dragon rouge
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